27 janvier 2015

Embolie et compagnie (première partie)

J'avais écris ce qui suit il y a un moment, et ai décidé de le publier car on a récemment parlé de cette maman décédée d'une embolie en 2009 à cause du temps perdu avec une opératrice du SAMU pour le moins peu efficace . (article terrible du Monde sur ce sujet ici).
En découvrant cette histoire au journal télévisé, j'ai fondu en larme, parce que j'ai été à la place de cette jeune maman qui se sentait partir, impuissante, et que dans cet homme impuissant et désespéré qui tentait de faire ce qu'il faut pour sauver sa femme, j'ai reconnu mon mari.
Je prends la mesure de ma chance, compte tenu du fait que moi aussi, j'ai reçu peu d'aide du SAMU, dont la médecin présente chez moi n'a pas voulu écouter les pompiers et admettre que je faisais une embolie... Sans parler du médecin du SAMU que j'ai appelé quelques jours plus tard alors que j'avais les même symptômes, et qui, pendant que je faisais un malaise et manquait m'évanouir, me demandait mon poids, puis sur un ton de reproche "et vous ne pensez pas que c'est lié à votre poids vos soucis? Il serait temps de maigrir non?"... Je peux vous dire que j'ai puisé la force de le remettre à sa place.

Bref, voici le récit de cette journée du 18 mai 2014...

Tout allait parfaitement bien depuis la naissance de petite Loutre. J'avais retrouvé mon énergie, ma joie de vivre et surtout on avait trouvé le bon rythme en famille.
Même l'allaitement, démarré difficilement à cause de la césarienne qui avait retardé la montée de lait, se déroulait bien. Ma fille et moi nous épanouissions et créions cette relation qui nous avait un peu manqué dans ma grossesse difficile. Quant à MrAmour, il savourait notre bonheur et m'épaulait magnifiquement, un vrai papa poule.

Puis, dans la nuit du 17 au 18 mai, une douleur survient dans mon dos. Habituée du fait de ma discopathie, je cherche une bonne position pour dormir, avale un cachet de paracétamol... mais quelques heures plus tard, rien n'y a fait et la douleur part dans mon ventre, puis dans ma poitrine. C'est comme un cerceau d'acier qui me comprime le thorax et empêche mes poumons de prendre leur plein d'air. Au bord de l'évanouissement et prise d'une sueur glacée, j'appelle le SAMU pendant que MrAmour prend le relais auprès de petite Loutre.
Les pompiers sont adorables et tentent de me rassurer. Le médecin du SAMU quant à elle est aussi aimable qu'une porte de prison et exige qu'on m'emmène aux urgences en me faisant descendre les escaliers sur une chaise au risque de me secouer méchamment. Les pompiers eux voulaient me faire descendre allongée, en me passant par la fenêtre. Cette option m'angoissait un peu, mais au moins j'aurais été immobile... Mais non, le médecin décrète que « de toute manière ce n'est pas une embolie ».

Dans le camion : un pompier volontaire, adorable, me change les idées et me coache pour que je reprenne mieux ma respiration. J'hyperventile assez régulièrement.
Arrivée devant les urgences, alors que nous venons de nous garer, mon état devient critique. Je respire trop vite, je panique : mes poumons refusent de fonctionner et j'ai l'impression que mes côtes les bloquent. Le pompier me tient la main pour me calmer, et hurle à ses collègues de me faire passer devant tout le monde aux urgences. Je pense qu'il a eu bien peur aussi.

Salle de déchoquage : Le médecin des urgences vient me poser des questions pendant qu'autour de moi les infirmières s'agitent pour me perfuser et me faire une prise de sang. (mes veines sont très fines et quasi impossibles à piquer).
Trop de monde, trop de questions, et toujours cette douleur qui m'enserre. De nouveau je suis en hyperventilation, mais cette fois c'est pire.
Aux questions du médecin je ne sais que répondre : « j'ai peur, trop mal... vais mourir ! »

Une dose de morphine finira par me calmer.
Mes résultats sanguins sont bons, mon état s'est amélioré en apparence. Je respire de nouveau correctement et je suis calme. Néanmoins, le médecin décide de me faire passer un scanner «  pour ne rien laisser passer ». Béni soit cet homme !

On découvre finalement que je fais une double embolie pulmonaire... je serais hospitalisée quelques jours, le temps de faire fonctionner un traitement anticoagulant et que le risque s'éloigne.
Pendant qu'on m'annonce ces joyeuses nouvelles, je repense à cette ***** de médecin du SAMU qui n'a pas daigné imaginer que si si, c'était bien une embolie... Entre la descente scabreuse des escaliers et le trajet en camion, j'aurais pu y passer... 
Quand on m'annonce que j'ai cette embolie, je reste calme. Je suis à l'hôpital, je n'ai pas trop de crainte, car on s'occupe de moi. MrAmour est avec notre fille, ils vont bien.
Alors le médecin vient me voir, avec une profonde compassion dans les yeux, et m'annonce que le médicament qui va contrôler ma coagulation ( previscan) n'est pas compatible avec un allaitement.
Je m'effondre. Pour petite Loutre comme pour moi, ces moments privilégiés, cette sensation d'être un élément vital au sens le plus littéral étaient devenus essentiels à notre équilibre et à notre bonheur. 
En une journée, j'avais frôlé la mort, et par-dessus tout, la seule et unique chose de bien que mon corps faisait pour ma fille m'était arrachée. J'étais déjà passée par tellement de douleur, ça avait été si difficile de créer ce lien entre nous...

(Suite à venir...)

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